La laïcité est au fondement de notre République. Elle permet aux cultes de pleinement s’épanouir dans la limite des règles fixées par la loi. Elle leur impose aussi de se soumettre à la volonté républicaine. La foi, toute respectable qu’elle soit, doit impérativement rester dans la sphère privée. Les législateurs de 1905, Aristide BRIAND en tête, avaient pour objectif de réduire l’emprise d’une religion catholique, qui avait jadis trop longtemps lié son action avec celle des pouvoirs.
Aujourd’hui, la vigilance doit être de mise devant une certaine pratique, heureusement minoritaire, de la religion musulmane, qui se caractérise plus par une démarche culturelle et politique, que par une volonté de croire. Il est clair que cette religion, relativement récente en France, doit pouvoir s’exprimer, mes propos n’ayant aucune volonté de la stigmatiser. Mais pour une pleine intégration, nous devons en supprimer toutes les dérives, qui sont considérées, par nos concitoyens, comme autant de coups de griffes donnés à notre « vouloir vivre ensemble ».
C’est cette motivation qui a permis récemment et par deux fois de réduire la place du religieux dans l’espace public. En 2003, après un long débat national, les signes religieux ont été interdits à l’école publique. Quelques années après, c’est le voile intégral qui fut supprimé. Aujourd’hui, la décision de la Cour de Cassation concernant la crèche de Chantloup-les-Vignes, annulant le licenciement d’une salariée voilée, fait réagir le législateur que je suis.
Nous ne pouvons accepter que dans notre République, la laïcité s’applique différemment entre le secteur privé et public. Interdit dans la fonction publique, grâce au principe de neutralité, les signes religieux, comme le voile, doivent pouvoir s’effacer dans l’entreprise. Le Parlement, et plus largement nos concitoyens, ont l’obligation de se saisir le plus rapidement possible de ce débat.
Le principe de laïcité est une notion qui doit, pour être totalement efficace, s’adapter à l’évolution de la société française. Nous ne pouvons jouer, sous prétexte d’un multiculturalisme bienpensant, dont on connait désormais les limites, la politique de l’autruche. Une attitude munichoise à ce sujet serait suicidaire pour notre cadre républicain, si chèrement construit.