Les propos du Président de l’Assemblée nationale sur la suppression du Sénat sont plus qu’inacceptables. Non seulement ils outrepassent un certain devoir de réserve républicain que l’on attend du 4ème personnage de l’Etat, mais ils vont à l’encontre d’interventions précédentes louant les qualités du bicaméralisme. Au mois d’avril, alors que la Haute Assemblée était dirigée par un Président socialiste, il déclarait que le Sénat « n’était pas une anomalie ». Depuis cette date, les Sénateurs agissent au quotidien pour faire la loi, en phase avec les attentes des territoires en leur qualité de représentants constitutionnels des collectivités territoriales. Pourtant, depuis 10 mois, un changement est intervenu au palais du Luxembourg. La majorité est passée de gauche à droite, laissant imaginer que les propos de Claude BARTOLONE sont plus politiques qu’institutionnels. Si les socialistes décident de supprimer une Institution politique à chaque fois que celle-ci n’est pas de la bonne couleur politique, c’est toute la République qu’ils risquent de vouloir dissoudre en 2017.
Comme Lionel JOSPIN jadis, désormais, le Président de l’Assemblée nationale souhaite saborder le Sénat sur l’autel d’un réformisme effréné qui fait fi de l’équilibre des pouvoirs de la liberté et de la démocratie. La Haute Assemblée doit continuer à se réformer, et la voie choisie par le Président du Sénat, Gérard LARCHER est la bonne. Nous ne pouvons toutefois accepter que la qualité de notre travail de fond sur les textes touchant directement à l’organisation des territoires et le rôle d’interlocuteur privilégié des élus, notamment des maires, soient ainsi bafoués.