A l'occasion de la commémoration de la libération de Nîmes, j'ai remis le diplôme d'Honneur aux anciens combattant de l'Armée Française de 1939-1945.
Voici le discours que j’ai prononcé lors de cette cérémonie:
« C’est un grand honneur pour moi, d’être parmi vous, dans ces Jardins de la Fontaine, afin de vous rendre un hommage solennel, 70 ans après l’une des périodes les plus sombres de l’Histoire de France.
Vous avez fait partie de ceux qui se sont battus pour la liberté et l’indépendance de la Nation.
C’est donc avec la plus grande émotion et le plus grand respect que je me plie à cette cérémonie.
En effet, à la demande du Président de la République, le Secrétaire d’Etat à la Défense et aux Anciens Combattants, Monsieur Hubert FALCO, a chargé, le Maire que je suis, de vous remettre personnellement un diplôme d’Honneur.
Je dois dire que c’est la première fois que tous les combattants français de cette période vont être collectivement récompensés, quels que soient leurs origines, leurs lieux de résidence ou les unités au sein desquelles ils ont servi.
Nous avons choisi de faire coïncider cette remise de diplômes avec la cérémonie commémorant la libération de Nîmes.
Certains ici s’en souviennent, le 25 août 1944, les troupes d’occupation allemandes ont quitté la Ville, laissant place aux soldats français commandés par l’illustre Général de Lattre de Tassigny.
Ce fut un véritable moment de joie et de délivrance fêté sur l’Esplanade, en présence des nouvelles autorités.
Cette libération nationale, qui s’étale jusqu’en mai 1945, met un terme à 5 années de guerre, de restriction, de discrimination, de combats, d’exécutions et de souffrances.
Il me faut ici avoir une pensée à la mémoire de ceux, soldats, maquisards ou résistants, qui sont morts pour que vive la France.
Leur sacrifice, leur abnégation, leur courage doivent être un exemple pour nous tous.
Nîmes, comme toute la zone dite libre, n’a vu arriver les troupes allemandes qu’à la fin de l’année 1942.
Pourtant la Ville vivait au rythme de la guerre depuis mai 1940 et la campagne de France.
La défaite de juin, ne doit surtout pas nous faire oublier l’importance des combats du début de ce conflit devenu mondial.
En 1940, les soldats, les marins, les aviateurs, aux côtés des alliés anglais, belges ou polonais se sont illustrés sur de multiples théâtres d’opération sur le territoire national et en Norvège.
Mais, ils n’ont pas pu arrêter le « rouleau compresseur » allemand.
Ainsi, ce que l’historien Marc Bloch a nommé « l’étrange défaite », suivie par la mise en place du régime de collaboration du Maréchal Pétain, a été l’élément déclencheur pour un certain nombre de Français de l’intérieur et d’ailleurs.
L’appel du 18 juin, prononcé à Londres par le Général de Gaulle, visionnaire et insoumis, a sonné l’alarme de la résistance face à l’inacceptable.
Grâce à ces quelques mots, aujourd’hui gravés dans les pages de l’Histoire, l’armée des ombres prenait forme.
Je dois dire que ce geste visionnaire et fédérateur a permis à la France de préserver ses valeurs, d’organiser la Résistance et de garder une certaine idée d’elle-même.
Pendant près de 5 ans, les partisans et les militaires se sont battus afin de sauvegarder un « pacte vingt fois séculaire entre la grandeur de la France et la liberté du monde ».
En effet, à l’extérieur la France libre a participé aux grandes batailles alliées et s’est illustrée, sous l’impulsion du Général de Gaulle à Bir-Hakeim, sur le front russe, au Mont Cassin ou sur le territoire national, lors de la libération du pays, après les débarquements de Normandie et de Provence.
A l’intérieur, face à un régime de Vichy collaborationniste et une occupation allemande toujours plus inhumaine, la Résistance s’est mise peu à peu en place, se caractérisant par des dizaines de faits de sabotage et de transferts d’informations.
Très vite les réseaux et les mouvements se sont créés afin de nuire à l’ennemi et de perpétuer la flamme républicaine.
Le 11 novembre 1942, alors que les troupes allemandes débarquent à Nîmes, certains ont bravé l’interdit et manifesté symboliquement le jour anniversaire de la victoire de 1918.
Parallèlement, dans les zones rurales comme le pays cévenol, se constitue une véritable armée clandestine, plus connue sous le nom de Maquis.
En 1943, sous l’impulsion du Général de Gaulle et grâce à la persuasion de Jean Moulin, la résistance intérieure se structure et s’organise pour devenir une force indispensable à la libération du territoire.
Ainsi, en amont de l’arrivée des alliés, des parties entières du territoire national se sont libérées seules comme la Corse ou la Ville de Paris.
Néanmoins, ces combattants de l’ombre ont souffert de la barbarie de l’occupant nazi, qui n’a pas hésité à torturer, déporter et exécuter de nombreux résistants devenus aujourd’hui des martyrs.
Mesdames, Messieurs,
Ce bref rappel historique démontre la variété des profils des combattants que vous avez été entre 1939 et 1945.
Votre patriotisme, votre amour de la liberté et de la justice ont été le ciment fédérateur de votre engagement commun.
On doit à chacune de vos actions, la victoire de la France et des Alliés.
On doit à chacun de vos combats respectifs un peu de notre liberté et de la paix retrouvée.
Je veux dire combien la Nation peut être fière de vous compter comme ses premiers défenseurs.
Toutes vos actions, engagées alors que vous étiez très jeunes, font honneur à la France et à la République.
Je vous transmets personnellement, à chacune et à chacun d’entre vous, toute la gratitude et l’admiration des Nîmois et, plus largement, des Françaises et des Français.
Vous avez été un rempart humain, pour la défense de nos valeurs, face à l’inhumain, face à l’horreur du nazisme.
Avant de terminer mes propos, je veux dire combien il est important de cultiver la mémoire pour les générations futures.
Ce devoir républicain indispensable doit permettre d’éviter les trop nombreuses erreurs du passé.
Chacun doit être conscient que la civilisation européenne a bien failli périr à jamais à ce moment précis.
Le souvenir de cette période noire doit donc être un élément fondateur de l’éducation de nos enfants, permettant ainsi de cultiver la paix et de perpétrer la mémoire de ceux qui l’ont défendue.
Je veux remercier chacun des 150 récipiendaires, anciens combattants, qui ont pu venir jusqu’ici pour cet hommage symbolique et collectif.
Il est vrai que j’aurais souhaité personnellement vous remettre à chacune et à chacun d’entre vous ce diplôme d’Honneur.
Mais, vous comprendrez aisément que pour des raisons logiques d’organisation, vous serez invités, à l’issue de cette cérémonie à récupérer votre diplôme, accompagné d’un petit présent.
Ceci n’enlève en rien toute l’estime et tout le respect que j’ai pour vos parcours, pour tous vos combats.
Il me faut également avoir une pensée pour celles et ceux qui se sont engagés à vos côtés et qui n’ont pas pu faire le déplacement, souvent pour des raisons de santé.
Vous le savez, l’amour de la Patrie est une flamme qui ne s’éteindra jamais.
Vive la République et Vive la France».